BOUGIE MORGANE

Dans un royaume oublié, où la magie et le mystère se mêlaient au quotidien, une légende murmurait l’existence d’une bougie unique, appelée Morgane. Forgée par la grande enchanteresse elle-même, cette bougie n’était pas une simple source de lumière. En son cœur, scellé dans la cire noire et brillante, reposait un éclat d’améthyste, une pierre qui abritait une parcelle de la magie de Morgane.

Longtemps après la disparition de la magicienne, la bougie fut découverte dans les ruines de Camelot par un jeune apprenti forgeron nommé Arthur. Fasciné par l’éclat de l’améthyste, il ramena la bougie chez lui, ignorant la puissance qu’il tenait entre ses mains.

Une nuit, alors que le vent hurlait et que la pluie battait les fenêtres de sa chaumière, Arthur alluma la bougie pour se réchauffer. Aussitôt, la flamme dansa d’une manière étrange, projetant une lumière violette sur les murs. Une voix douce et ensorcelante s’éleva dans la pièce :

— “Qui ose réveiller la magie de Morgane ?”

Arthur recula, terrifié mais aussi captivé. La voix reprit :

— “Je suis Morgane, l’enchanteresse bannie par Merlin. Dans cette bougie, j’ai enfermé un fragment de mon âme et de mon pouvoir. Si tu cherches gloire ou vengeance, fais ton vœu. Mais souviens-toi, tout pouvoir exige un sacrifice.”

Hésitant, Arthur pensa à son village, souvent attaqué par des brigands. Il murmura :

— “Je veux protéger mon peuple.”

La flamme de la bougie s’intensifia, brûlant presque violette. La voix de Morgane résonna encore :

— “Ainsi soit-il.”

Dès cet instant, Arthur sentit une énergie nouvelle parcourir ses veines. L’améthyste brilla, puis se désintégra en une poussière scintillante qui enveloppa la pièce. Le lendemain, Arthur se réveilla avec une force et une intuition surnaturelles.

Cependant, la bougie était éteinte, sa cire entièrement fondue. Morgane avait tenu sa promesse, mais sa présence s’était dissipée, ne laissant qu’une empreinte indélébile dans l’âme du jeune homme.

Arthur devint le protecteur de son village, guidé par une magie ancienne et un fragment de l’esprit indomptable de Morgane. Mais chaque soir, en regardant le ciel étoilé, il entendait encore, dans un murmure lointain, la voix de l’enchanteresse :

— “Souviens-toi, tout pouvoir a son prix.”